Virginie Despentes, voilà un nom que j'ai beaucoup entendu : dans la bouche de mes amies,
dans celle des journalistes, dans celle des féministes, dans celle des anti-féministes — mais c'est seulement maintenant que je m'y penche, avec toute l'excitation d'un voyage en terre inconnue.
Alors, si vous aussi vous connaissez le nom mais pas les romans,
vous êtes avec nous au bon endroit, puisqu'on est sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon, chez nous,
ces fameuses Pentes qui ont donné à l'autrice son pseudonyme puisque c'est dans les parages que, en 1992, elle fait l'expérience de la prostitution en même temps qu'elle commence l'écriture de son premier roman :Baise-moi.
Aujourd'hui, les Pentes ont bien changé,
elles se sont incroyablement embourgeoisées et elles pourraient bien nous faire oublier ce monde de punks, de disquaires et de ruelles sombres où l'autrice a nourri son regard et sa langue si singulière sur la déliquescence sociétale et morale — et où elle a puisé son désir de revanche.
Despentes et son écriture violente, brutale, parfois brute,
ont surtout été rendues célèbres pour le grand public, et pour moi, avec Vernon Subutex, une saga qui a même eu droit à une adaptation en série.
Avec le prix de Flore en 1998 et le prix Renaudot en 2010, tout se passe comme si son œuvre s'était elle aussi embourgeoisée malgré elle...